Paris-Nice, la première grande course d’une semaine du calendrier professionnel francais et européen! « La course au soleil » comme on a pour habitude de l’appeler… Chaque année, on y retrouve ce qui se fait de mieux chez les coureurs professionnels, une belle bagarre sur un trajet tracé entre la capitale française et la capitale Azuréenne.
Geoffroy Lequatre, le fondateur de G4 y a participé plusieurs fois au cours de sa carrière, mais son premier Paris-Nice restera sans doute gravé à jamais ! Alors qu’il n’a que 23 ans, en 2004, il est appelé par son équipe sur la course, en tant qu’équipier, et tout ne va pas se passer comme prévu… Ainsi, il nous raconte son périple une semaine avant le départ de Paris-Nice 2019 !
PARIS-NICE : LE RÉCIT DE GEOFFROY
Je n’ai pas tendance à reparler de mes années pro mais ce Paris-Nice vaut le détour en terme de récit !
En 2004 je participe à mon Premier Paris-Nice; Après 2 ans de classe au crédit agricole espoir en GS3 en tant que jeune pro, je signe en 2004 avec l’équipe GS1 ! SHOW TIME
L’année et ma carrière de Néo Pro commencent à fond avec en point de mire un premier Paris-Nice à 23 ans seulement ! Et quel Paris-Nice.
Voici le contexte, comme tout Paris-Nice c’est le premier gros RDV de la saison sur le sol français et la première course par étape de 7 jours en Europe ! Tout le monde est sur les dents et cette course est un objectif pour certains, une préparation pour d’autres et un passage obligé pour les coureurs de classiques qui préparent la saison des classiques historiques ! Flandrienne et Ardennaise.
En 2004, suite à de bons résultats de début de saison, l’équipe m’aligne au départ de mon premier Paris-Nice ! J’ai pour objectif de bien faire et de m’illustrer sans peur ni loi ! D’ailleurs, je sors du monde des espoirs où j’étais parmi les meilleurs mondiaux, alors je fonce la tête baissée !
Ce Paris-Nice était assez particulier pour moi car étant natif de Pithiviers, la deuxième étape passait par Malesherbes / Puiseaux mes routes d’entrainement et mes fidèles terrains de jeu ! C’est pour cela que les bordures n’ont pas de secret pour moi !
Les flahutes sont belges ! Mais dans ma région natale on est les flahutes Français !
Ce Paris-Nice s’élance de province avec un prologue de début de saison que Jörg Jaksche remporte haut la main ! La CSC s’illustre dès le 1er jour ! Je suis satisfait de l’entrée en matière et j’ai hâte d’être au lendemain.
LA BORDURE !
Au petit matin de la 2 ème étape, le temps est frais et venteux ! J’appelle le Papa pour des infos de dernières minutes, sur les conditions météorologiques et la direction du vent !
Comme à son habitude il veille au grain et il ne se trompe pas sur la direction du vent « ¾ arrière / côté vous attend en sortant de la vallée de l’Essonne en amont de Malesherbes ! Sois attentif ça va bordurer, c’est sur et certain! »
Dans ce même domaine Alain Gallopin ! Le bien connu tonton de Tony Gallopin est le directeur sportif de la CSC à ce moment là. Alain habite à environ 10 km de ce même lieu ! En fin tacticien, il prévoit le plan de la journée, mieux vaut attaquer que de se faire attaquer avec le maillot jaune sur le dos.
Départ donné de Chaville, je suis de suite sur mes gardes ! Au bout de 50 km de course, le moment fatidique se présente, au loin changement de direction / tout à gauche et plein vent ¾ arrière. Je vois la team CSC se placer et préparer le coup de bordure. En remontant je notifie mon compère et ami Christophe Le Mevel, il prend ma roue, les hostilités sont lancées, la CSC accélère d’une telle force que nous sommes simplement 4 à pouvoir suivre les 8 coureurs qui composent leur équipe !
ILS TORDENT LES MANIVELLES !
Jorg Jaske, Jens Voigt, Bartoli, ivan Basso, Frank Schlek, Boby Julich, Michael Blaudzun, Jakob Piil (DEN)… 2 gars de chocolat Jacques, des bons flahutes…, Christophe Le Mevel et moi-même, Néo pro ! Il reste encore 100 km ! Nous grillons le ravito de Malesherbes à 50 à l’heure et je ferme la bordure derrière les 8 CSC.
Pour les connaisseurs de la région nous arrivons à Malesherbes qui est situé dans une cuvette à l’abri du vent mais une bosse de 2.5 km va nous reconduire sur le plateau de la Beauce plein vent, un vent qui ne nous lâchera plus jusqu’à l’arrivée !
Franck Vandenbroucke VDB!
La bosse se monte plein gaz et l’avance est de 30 secondes ! Dans l’effort, La moto course annonce une attaque de Frank Vandenbroucke d’un peloton déjà morcelé !
Au sommet de cette bosse et quelques 5 min d’effort plus haut, j’entends les motos ouvreuses revenir sur notre groupe de furieux rouleurs. Curieux de voir cela, car, comme on dit dans le jargons, nous, « ça roulait plein gaz », et nous avions le compteur dans la boite à gant avec mon compère Christophe Le Mevel !
VDB Déjà Là !
Je me retourne et déjà VDB avec son maillot blanc et bleu de la Fassa Bortolo, sur son classieux Pinarello, avait rejoint le groupe avec un seul coureur dans sa roue qui faisait littéralement le drapeau ! Pendant que je fermais la porte derrière les 8 coureurs de la CSC qui tournaient en éventail serré, VDB me regarde et me dis “Tu roules petit ?”, moi « je euhhh bah non ! Ils vont se débrouiller à 8 ! Il reste 90 km ! » Il me répond “Ok” et se remet derrière pendant 2 min. Puis, il revient me voir, me demandant de le laisser remonter la file du train CSC ! « OK » !
Au bout de 5 – 6 relais avec les 8 machines bien rodées, il s’écarte et se remet derrière ! Ainsi, notre avance est de plus de 1 min sur le premier groupe d’un peloton morcelé !!!
Puis, 2 min plus tard, une cassette craque et les dents tombent, clac clac clac ! Bim bam boum VDB attaque les 8 de la CSC les yeux dans les yeux ! En conséquence ? Il prend 200 mètres tout seul dans le vent et roule pendant 2- 3 km tout seul ! L’arrivée est à 80 km avec ce paysage désertique qu’offre la Beauce début mars ! Des labours à perte de vu! Nous sommes tous subjugués dans l’effort, en tout cas moi ! Mais où il va me dis-je!!! VDB se relève, attend le groupe et ré-attaque une fois, puis deux fois, le sketch dure 10 km ! Cela fini par désorganiser le petit groupe de 12 que nous sommes, et nous nous faisons reprendre par le 2 ème goupe ! Nous irons jusqu’à l’arrivée à Montargis pour se disputer la victoire au sprint d’un groupe d’une 30 aine ! Mais quelle étape !!
UN BON DÉBUT, UNE FIN COMPLIQUÉE
Le temps dans le massif central n’est pas au beau fixe ! La neige et le mauvais temps nous attendent vers le Puy en Velay ! La 4 ème étape est annulée !! Les jours s’enchainent, les étapes également et la fatigue s’accumule de jour en jour !
VIVEMENT LE SUD ET L’ARRIVÉE Á NICE!
Les derniers jours sont pour moi un long chemin ! L’étape Digne les bains/Cannes ! Je m’en souviens également ! Au bout de 20 km arrivent les premiers cols et les attaques… grosse pagaille ! Nous sommes alors 40 coureurs devant à rouler plein pétrole derrière 3 échappées, dans les gorges du Verdon pour rejoindre le haut var et basculer le Taneron pour une arrivée à Cannes. Gros numéro de Vino ! qui remporte l’étape !
En ce qui me concerne, le Taneron va m’arrêter d’une force ! Pour vous dire, je vais finir l’étape seulement 2 min devant le gruppetto qui, lui, s’était formé au bout de 20 km seulement.
A ce moment du Paris-Nice, plus de sons, plus d’images et il reste encore cette dernière étape dont le parcours fait mal aux jambes rien que de le lire !
Col d’Eze / Col de Châteauneuf / Col d’Eze / Col de Châteauneuf / Col d’Eze!
Aïe aïe aïe ça va piquer ! Se disait on avant le départ ! Et on ne se trompait pas ! 3, 2,1, 0 ! Dés le pied du Col d’Eze, attaque de VBD, qui était à une porté de fusil des leaders au classement général ! bim bam bom, panique générale des coureurs dès le croisement des 4 chemins ! D’autre part, certains faisaient même demi tour sur le haut du col d’Eze ! En ce qui me concerne, il était hors de question d’abandonner mon premier Paris-Nice, si proche du but ! Je prends alors un groupe qui s’émiette au fil des cols et des 2 tours d’un circuit au combien épuisant…
Vu mon retard à la fin de l’étape, je me suis dit « Vino (le vainqueur du Jour) doit déjà être douché et rentré chez lui »… L’image qu’il me reste à mon passage sur la ligne, sont, les techniciens d’ASO qui commençaient à démonter les barrières ! 🙂 C’est ça le vélo!
Un premier Paris-Nice dont je me souviens très bien… 2 jours plus tard, je tombais malade de fatigue!
MORALITÉ :
Paris-Nice c’est bien quand tu marches toute la semaine et que le temps est au beau fixe jusque sur la Promenade des Anglais.!
People reacted to this story.
Show comments Hide commentsQue de bons souvenirs !