Après Paris-Nice, Milan-San Remo et le Tour des Flandres, Geoffroy vous parle d’une des plus belles et plus reconnues des courses cyclistes professionnelles : Paris – Roubaix. L’enfer du Nord n’est plus à présenter, tout cycliste qui se respecte attend le mois d’Avril chaque année pour vibrer devant les classiques, celle-ci est immanquable !
Après 5 participations, il y en a des choses à raconter ! Entre préparation, adrénaline, ferveur du public et moments forts, vous allez tout savoir sur l’histoire de Geoffroy et des pavés… Sans oublier la somptueuse arrivée dans le vélodrome de Roubaix.
Le récit de Geoffroy ici :
UN MONDE À PART
Paris – Roubaix, c’est comme Noël pour certains coureurs. Eh bien, c’était le cas pour moi !
J’attendais chaque année cette course avec impatience ! L’enfer du Nord était pour moi le cadeau de Noël ! Pourquoi ? me diriez-vous ! Car cette course est vue comme l’une des plus dures du monde avec ses quelques 50 kms de pavés !
La préparation de Paris Roubaix!
Paris – Roubaix se prépare mentalement premièrement et ensuite bien entendu physiquement ! C’est généralement la dernière classique de flahute avant de passer à la semaine des classiques wallonnes. Cette course arrive donc en fin de cycle pour les hommes qui aiment les classiques pavés ! Elle se prépare dans la tête ! Tu sais où tu vas quand tu cours Paris Roubaix à part le Néo Pro qui a entendu parler de… mais n’y a jamais participé ! Là, tu passes ta demi-semaine à cogiter et à te demander ce qu il va t’arriver une fois la machine à essorer en route.
J’aimais préparer Roubaix avec les semi classiques Gent Wevelgem et le tour des Flandres. J’ai aussi ajouté le circuit de la Sarthe lorsque je ne participais pas au tour des Flandres.
Le mercredi avant Roubaix, je faisais généralement une belle sortie de 5 heures dont les 3 dernières à tourner dans les chemins qui longent les champs beaucerons avec le vélo de route…
Je faisais en quelque sorte du VTT avec mon vélo de route. Je testais la pression des boyaux et également la technique que j’ emploierais le dimanche sur Roubaix !
La tactique de course !
Ma technique sur Paris – Roubaix était simple, essayer de prendre le moins de pavés ! Rouler sur les bas côté entre terre et herbe. Pourquoi ? Eh bien simplement, je n’avais pas le gabarit pour rouler sur les pavés du haut de mes 64 kg.
Mon but, grâce à ma technique, était d’éviter au maximum le pavé. Mais c’est un jeu dangereux ! Le risque de chute et de crevaison n’en est que plus élevé. La visibilité est réduite car je ne suis pas le seul à aller chercher le bas côté, la poussière prend vite le dessus. Dernier risque, si un coureur fait une faute, il n’y a pas d’échappatoire. Malgré cela, cette technique m’a plutôt bien réussi ! Et Roubaix ne m’a jamais cassé ! OUF ! L’adrénaline et l’excitation me tenaient toute la semaine comme un gosse avant Noël !
UN FEELING ET UNE ÉMOTION
A la veille de Paris – Roubaix, la tension monte , tu vas rouler avec l’équipe pour un traditionnel tour de chauffe afin de tester la machine , les derniers réglages / pression et ajustement du matériel,
Double guidoline pour certains / boyaux de 28 , vélo spécial donc réglage de dernière minute . Et j’aimais monter des commandes de boucle frein afin d’avoir la possibilité de freiner les mains en haut.
Quand tu roules Roubaix, tu es souvent les mains sur le haut du guidon !!!
Pour Paris – Roubaix l’ambiance est studieuse et tendue ! Tout le monde est concentré et, au petit matin, c est un peu comme pour San Remo ! C’est spécial ! La météo est aussi le plus gros des paramètres qui stresse la totalité du peloton, Roubaix sec ou humide ? Le vent côté ou poussant ou de face !? Autant de questionnements qui disparaissent dès le coup de fusil !
C’est parti de Compiègne !! déjà du pavé dans le rues qui nous mènent au départ réel ! Paris – Roubaix, c’est long et les seconds couteaux, essayer de prendre l’échappée matinale ! C’est la bataille pendant 1h voire 2h de course dans les longues cuvettes de Picardie ! La stratégie ! Se mettre en place, chaque équipe se doit d’être représentée ! Roubaix, c’est aussi ça ! Depuis que Roubaix est diffusée intégralement, on se rend compte que Paris – Roubaix, c’est la course du kilomètre 0 jusqu’au vélodrome !!!
Les Pavés
Au bout de 100 kilomètres de course environ , une 2ème course dans la course s’installe ! Nous arrivons sur le premier secteur pavé.
L’adrénaline est à son maximum !!! Une sensation indescriptible pour ma part, j’étais grisé par le devoir de rentrer en tête et dans les premières positions ! À tout prix et sans voir ni considérer les risques !
Là-bas, au loin, la fumée des voitures et des motos qui te précèdent t’indique que : ON Y EST !!!
Là, c’est la bagarre pour se placer et rentrer dans les meilleures conditions. « Car, si tu as une emmerde, ici dans le premier secteur, et bien…. Ton Paris – Roubaix est déjà bien compromis » !
C’est à ce moment que tu débranches tout dans le cerveau, tu passes de 60 à l’heure d’un bel asphalte lisse à des pavés redondants et mal mis, un fracas pour le corps et le vélo !!! Ça y’est, 200 mètres, 300 mètres sur le pavé… C’est parti pour la course ! La Vraie !!
Ce qui m’a toujours frappé sur le premier secteur, c’est toute cette poussière que tu respires, tu cherches l’air pendant 5 minutes !
Les Secteurs
Les secteurs s’enchaînent et sont numérotés comme vous le savez, il y en a des plus simples et d’autres très complexes !!!
Le plus connu d’entre eux, c’est la tranchée de Wallers Arenberg ! L’un des plus longs, des plus défoncés ! Le peloton, à l’approche de ce mythe est déjà bien morcelé, dû aux chutes, crevaisons et formes de chacun ! On dit, qu’à la sortie de ce secteur « tu peux savoir où tu en es au niveau physique et les moyens qu’il te reste pour rallier Roubaix » !
Je me souviens de mon premier Paris – Roubaix, fou comme un pur sang !!! Nous arrivions à l’approche de la trouée d’Arenberg ! Et la pression montait, mon idée était de rentrer en tête !!! Le peloton compact derrière l’échappée au long cours.
J’entame un sprint dans la ligne droite qui nous même à l’entrée de ce secteur mythique, les gens alcoolisés crient nombreux sur le bord de la route, le faux plat descendant nous fait rouler à plus de 60 à l’heure.
C’ est un peu comme si tu sautais de l’avion sans parachute ! Comment vais-je atterrir ?!!
Je rentre en 5ème position ce jour- là ! Inconscient comme un jeune bleu !!! Au moment où tu rentres dans ce secteur ,tu passes de 60 à 40 km/h en 5 secondes !!! Le vélo, les roues reçoivent une décharge maximale ainsi que le corps !! Je salue le matériel sur lequel nous roulons car à ce niveau de vibration, ça pourrait être rapidement la catastrophe !
La sélection se fait au fur et à mesure que les secteurs défilent ! Et surtout les crevaisons peuvent changer la donne très rapidement ! Le truc à Roubaix, même si t’es le plus fort, tu n’es pas sûr de gagner ou d’être devant !
Le pavé se respecte, tu dois être souple sur le vélo, voler au- dessus du pavé, épouser les courbes et faire attention au public sur les bas côtés si tu vas chercher la partie en terre !!
C’est tout un art ! Certains disent » pas de chance, j’ai crevé « , mais si tu marches et que tu es fluide tout passe !
Gagner Paris – Roubaix, c’est la journée parfaite, ton heure de gloire, ton moment de vie ! où t’es motorisé ! C’est comme si au Golf, tu joues un coup en un avec un vent de côté avec un fer 7 !
Les crevaisons, je n’ en ai pas eu beaucoup à Roubaix, 2 simplement dont une qui m’ a marqué avec Agritubel !!! Je suis dans le groupe de tête, après Arenberg, je sens que je suis là et que la journée va être bonne ! Au secteur de Cysoing, je crève roue arrière, je sors du secteur et j’ attends la voiture afin de me faire dépanner !! C’est long d’attendre ta voiture à Roubaix ! si ton DS n’a pas sa voiture placée dans le 5 premiers et bien il faut compter sur un soigneur ou un mécano sur le bord de la route qui te tend une roue et te dépanne à la volée !
Je repars loin dernière le 3ème groupe ! Je roule plein gaz derrière la voiture afin de rentrer au plus vite entre 2 secteurs, tu as généralement 3-4 ou 5 kilomètres d’asphalte entre les 2 secteurs.
J’en profite pour me mette bien à l’abri dans le coffre de ma voiture ! et nous rentrons à 60 km/h dans un village ! Pif paf / droite, gauche, en ½ seconde je me retrouve par terre, la cuisse arrachée !! Je n’ai pourtant fait aucune faute !
Je me relève, reprends le vélo et là….boyau arrière décollé ! (les mécanos changent souvent les boyaux pour les classiques, jouent entre les paires de roues afin de coller / décoller des boyaux de 25 ou 28). Malheureusement pour moi je suis tombé sur une mauvaise roue ! Roubaix terminé ! Ravito, retour à Roubaix en voiture et douche qui pique !!!!
LE CARREFOUR DE L’ARBRE ET LE VÉLODROME
Le point fatidique de Roubaix, c’est ce moment où tu rentres dans le secteur du carrefour de l’arbre, tu sais que tu n’es pas loin de Roubaix et qu’il reste ce gros secteur, ensuite il faut s’accrocher et faire attention à la crevaison du dernier secteur !
La foule est massive sur ce secteur mythique. Depuis la veille et le petit matin c’est fête à gogo, bière ! Soirée de folie ! Les belges, les gars du nord et toutes les nationalités s’y croisent pour un moment de folie en attendant les coureurs ! En temps que coureurs, c’est énorme ! Ce brouhaha de spectateurs qui t’acclament du premier au dernier ! Je réalise en vous écrivant ces lignes que je n’ai jamais vraiment aperçu les visages des spectateurs ! Je pense que tous les coureurs vous diront la même chose, t’es tellement concentré dans ton effort que tu es dans un monde parallèle ! En orbite ou en méditation !
L’effort, l’adrénaline, la fin de course, l’objectif d’ accomplir et de performer ne te permettent plus de vivre l’ ambiance. Ta vision n’ est plus périphérique, c’est un tunnel que tu affrontes. Vous souvenez-vous de Thor Hushvod ! Il devait aller sans doute à la gagne cette année-là et il s’ accroche avec un spectateur sur le bas côté ! La lucidité étant moindre, tu n’as plus la même vision !!
https://www.youtube.com/watch?v=KOwzRMpt9kk
Enfin tu rentres dans Roubaix, le dernier faux pas peut faire la sélection avant d’arriver dans le fameux vélodrome ! C’est une sensation énorme de rentrer sur le Vélodrome ! C’est un peu comme les champs Élysées sur le Tour, tous les coureurs, du vainqueur au dernier, même hors délai, a le droit à sa petite heure de gloire !
Croiser la ligne d’arrivée de cette enceinte qui a célébré des champions et fait l’histoire de Paris – Roubaix ! C’est le but suprême pour tous les cyclistes pro qui participent à Paris – Roubaix !
Après la course :
L’ après course, c’est comme une victoire, le mal, tu ne sens plus, en tout cas pour ma part. Tu sécrètes tellement d’endorphines que tu ne ressens plus les douleurs ! la délivrance d’avoir fini et la satisfaction d’avoir bien fait !
Tu rentres au bus avec tes bleus, tes bosses, la boue ou la poussière, tel un gladiateur qui a combattu dans l arène ! La douche va être bonne ! Les fameuses douches à Roubaix nous attendent là où tous les coureurs se retrouvent pour se remettre de cette course intense.
Des douches atypiques où cela donne des cliches fantastiques de coureurs en souffrance et/ou au repos ! Désormais, avec les douches dans les bus, une grande partie des coureurs et par facilité, se douchent en zone privative dans les motor-homes.
Paris – Roubaix existera toujours car cette classique exclusive, on la roule sur du pavé ! Et le temps que le pavé s’use, on ne sera plus là pour en parler ! Alors profitons d’un 117ème Paris – Roubaix ! Bon ROUBAIX À TOUS.
PS : Je vous conseille pour Paris – Roubaix amateur et pour toutes les courses classiques similaires, de porter des vêtements cyclistes de la collection G4 afin d’assurer votre confort sur les sections tels les pavés de Roubaix, les cuissards de vélo Aero ou Distinguished Noir avec une bonne paire de gants cyclisme Similicuir pour amortir toutes les vibrations.
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